mardi 4 juin 2013

Pour un étiquetage de la viande et du lait qui indique les conditions d’engraissement des animaux


À la fin du vingtième et au début du vingt-et-unième siècle, sans tambour ni tremblement de terre, la “montagne” a considérablement poussé en Aveyron. [1] Tant et si bien que rebaptiser l’Aveyron Monteyron serait un aboutissement. Une “montagne” qui, lorsqu’elle serait, de manière tout à fait inconsidérée, prise en compte par un météorologue, l’amènerait à alerter de l’étonnante diminution des périodes d’enneigement, puis de l’augmentation phénoménale, aux alpages, des températures estivales…

Qu’est-ce que le mot montagne évoque au consommateur non averti? Et quel est l’esprit de la loi, sinon qu’une altitude minimale de 700 mètres, et des conditions climatiques difficiles qui raccourcissent la période de végétation; ou que plus des trois quarts du territoire classé, si pentus que la mécanisation y est impossible ou très onéreuse; ou que tout à la fois: l’altitude élevée, le climat difficile et la forte pente légitiment une aide financière beaucoup plus importante. [2]

Or comment fut-il envisagé “de capter davantage de valeur ajoutée sur la filière porcine”, en se démarquant et en s’identifiant “au territoire, grâce au “porc montagne notamment? [3] C’est-à-dire sur un banal caillebotis, au lieu du sol caussenard qui est, près la Sanguinette de Causse-et-Diège, à 375 mètres d’altitude environ, [4] sans même une pente ou un climat montagnards?

Comment Jacques Molières, président de la Chambre d’agriculture de l’Aveyron, affirme-t-il que le “label porc montagne est “encore plus restrictif” qu’une production “bio”? [5] Un label tellement exigeant qu’il se passerait de montagne sur le Causse!?

On ne peut ne pas voir dans tous ces discours, pimentés de beaux mots tels qu’agro-écologie, une incroyable confusion — qui sert qui? certainement pas les mieux-faisants qualitativement.

À tel point qu’il devient indispensable, au consommateur et contribuable, de savoir les véritables conditions d’engraissement. Si les viandes sont, notamment (et pour nous en tenir au cas du porc), d’animaux qui furent engraissés:
  • en plein air, avec une alimentation “bio”,
  • en bâtiment ouvert, sur litière, avec une alimentation “bio”,
  • en plein air, avec une alimentation non “bio” dont l’ensemble est lisiblement exposé, de même que lorsqu’ils sont:
  • enfermés sur litière,
  • enfermés sur litière et caillebotis,
  • enfermés sur caillebotis.

Peut-être sommes-nous loin de connaître toutes les conditions d’engraissement, mais toujours est-il qu’un étiquetage qui les reflète, à la fois sur le produit vendu au détail, et sur le produit composé par l’industrie agro-alimentaire, serait d’intérêt général.

Car n’est-il illusoire QUE LE CONSOMMATEUR CONTRIBUE À L’AJOUT DE VALEUR au sein des filières de la viande et du lait, au “bien-être” animal et à la préservation de l’environnement, si, lorsqu’il achète, il n’est informé de la façon dont l’animal était engraissé?

En ce sens, l’étiquetage révélant le mode d’élevage, concernant les œufs de poules, n’a pas été vain: il a été observé que la consommation d’œufs, dits “alternatifs”, a connu “une très forte croissance, notamment les œufs issus de l’agriculture biologique”. [6] Ainsi, de meilleures pratiques d’élevage ont été préférées et favorisées. Pourquoi n’en serait-il de même en ce qui concerne les productions de viande et de lait?

Puisque “d’où” vient le produit a perdu son sens, il est plus que jamais nécessaire de connaître le “comment” du produit. Là sont les plus importantes différences pour l’éleveur, l’animal, la santé, le goût, et l’environnement.


[1] Cartographie du département de l’Aveyron, sur le site web de l’association nationale des élus de la montagne (ANEM).
[2] La “zone de montagne” selon la loi, sur le site web de l’observatoire des territoires montagne, de la délégation interministérielle à l’aménagement du territoire et à l’attractivité régionale (DATAR).
[3] Préfecture de l’Aveyron, communiqué de presse quant au conseil départemental de l’environnement et des risques sanitaires et technologiques (CODERST), du 1 mars 2013, p. 3.
[5] Le Villefranchois en date du jeudi 30 mai 2013, L’Hebdo des Cantons, dans l’article “GAEC du Cassan à Cassanus: Nutergia s’estime trompé”.
[6] Direction générale de l’institut national de la statistique et des études économiques (INSEE), La consommation des ménages en 2009 - Analyse du compte définitif, novembre 2012, p. 9.



À lire à ce propos:


2 commentaires:

  1. Le “porc montagne” n’ayant pas pris auprès d’Antoine Lagarde, voilà que la FDSEA de l’Aveyron communique à son encontre:

    http://jlcalmettes.blogspirit.com/archive/2013/06/14/porcherie-de-causse-et-diege-la-fdsea-persiste-et-s-en-prend.html

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  2. ORIGINE Caillebotis

    Le 26 novembre 2014 (le 27 aussi), le préfet de l’Aveyron a autorisé l’accroissement d’une production de porcs de caillebotis. Quoiqu’un caillebotis soit différent, par exemple, d’une montagne, quelle indication l’étiquette donnera-t-elle au consommateur de viande de porc issu de cette production? “Origine Caillebotis”? — Nenni.

    BRÈVE de Causse durable | ORIGINE Caillebotis

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