vendredi 12 février 2016

La RÉ-non-PUBLIQUE de l’exploitation industrielle d’animaux?

Ne dirait-on pas que la réalité de la chose tend à devenir moins publique? Voyons. Comment, ici ou là, face à un projet d’exploitation industrielle d’animaux, a-t-on vidé d’une opposition valable, le résultat d’une enquête publique?

Entre autres, il y a eu la méthode de la rareté de l’accès au dossier d’information du public (rarement publié sur l’Internet dans sa totalité, consultable dans une préfecture éloignée, et peu de temps dans de petites mairies, selon des horaires qui ne conviennent guère à des travailleurs).

Il y a eu la méthode, consistant à présenter au public une couverture de dossier censé l’informer: lui représentant l’éleveur avec un porc en plein air, ou des porcs sur une belle litière — c’est chouette! c’est mignon! nul besoin de lire davantage —, quand il s’agissait en fait de porcs casés, leur “vie” durant, sur caillebotis au-dessus du lisier.

Il y a eu la méthode, consistant à dénigrer l’expression d’habitants: ces braves gens ont certes des craintes légitimes, mais ils ne savent vraiment pas de quoi ils parlent…

Il y a eu la méthode, consistant à sortir carrément, du droit à l’enquête publique, de moins grosses porcheries industrielles notamment. Le public serait juste dit “consulté”, pour n’en tenir compte (suivant l’une ou l’autre des méthodes précédentes, et ce n’est pas ici une liste exhaustive).

Mais une méthode paraissait manquer, manifestement. Celle de réduire le public autorisé à exprimer un avis: des fois que de fins connaisseurs étrangers envoient des remarques judicieuses! il vaudrait mieux caricaturer à l’avance les non résidants, qui émettent des “remarques non pertinentes et très éloignées des réels enjeux et impacts du projet”. Alors, quant à cette dernière méthode, on dira, certes, que l’amendement présenté par plusieurs députés a été retiré avant discussion à l’Assemblée nationale. Mais n’est-ce point l’intention qui compte? Ne la verrons-nous revenir par ailleurs?

Naguère, j’illustrai la mise à l’écart de citoyens par leurs yeux bandés. Devrai-je bientôt ajouter des citoyens bâillonnés, les yeux grand ouverts, pour la “compétitivité” dexploitants industriels d’animaux?


Référence:

Assemblée nationale, 30 janvier 2016, Compétitivité de l’agriculture et de la filière agroalimentaire, n° 3340, amendement n° 27 (retiré avant discussion), présenté par M. Le Fur, Mme Lacroute, M. Gosselin, M. Viala, M. Costes, M. Tetart, M. Jean-Pierre Vigier, M. Vitel, M. Lazaro, M. Sermier, M. Nicolin, Mme Le Callennec, M. Cinieri, M. Degauchy, Mme Dalloz, M. Frédéric Lefebvre, M. Jean-Pierre Barbier, M. Lurton, M. Le Ray, M. Hetzel, M. Tian, M. Morel-A-L’Huissier, M. de Mazières, M. Aboud, Mme Louwagie, M. Laffineur et Mme Ameline, où l’on peut lire notamment: “la méthode de consultation du public souffre de l’absence de limites géographiques des personnes pouvant donner leur avis sur le projet durant l’enquête publique, ce qui entraîne la formulation de remarques non pertinentes et très éloignées des réels enjeux et impacts du projet. […] C’est pourquoi le présent amendement vise à simplifier la procédure d’installation classées en […] réduisant la consultation et la participation du public aux personnes réellement concernées, c’est-à-dire aux personnes résidant sur les communes d’implantation du projet et du plan d’épandage. […]

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