lundi 10 juillet 2017

Fermes-usines: des vétérinaires dénoncent la maltraitance systématique


«Les maltraitances perdurent dans l’élevage intensif, grâce à des vétérinaires silencieux Alors que l’élevage intensif est fréquemment sujet à débat, «la profession vétérinaire reste en marge, s’exprimant rarement et, le cas échéant, afin de maintenir le statu quo et préserver des profits».

Cependant, «un groupe grandissant de médecins critiques ose parler.» Plus de soixante vétérinaires «bienveillants», majoritairement néerlandais, ont signé une tribune publiée en juin 2017, dénonçant les abus généralisés dont ils sont témoins dans leur travail quotidien. Les présentes citations sont la traduction de leur avis (ici en néerlandais, et traduit ici en anglais par l’une des cosignataires de la tribune, la docteure Elena Nalon).

«L’animal est adapté à l’exploitation plutôt que l’inverse. Les animaux sont trop serrés, manquant d’un milieu intéressant, de distraction, aussi subissent-ils des mutilations douloureuses soi-disant “pour leur propre sécurité”. Certains de ces abus», comme la section partielle de la queue des porcs sur une base de routine, «bien qu’interdits par la loi, sont jugés nécessaires du fait des conditions de production.» La profession vétérinaire «facilite ou acquiesce» à cela, «parfois avec sa signature, mais plus souvent par son silence».

Pourtant, «en tant que professionnels, notre responsabilité est de défendre l’animal.» C’est pourquoi «NOUS NE DEVONS PLUS NOUS TAIRE, mais nous opposer aux procédés actuels impliquant des millions d’animaux casés, transportés et abattus dans des conditions inhumaines.

Le modèle néerlandais d’élevage intensif est fréquemment désigné tel un exemple pour le reste du monde. Toutefois, que les conditions d’élevage soient pires ailleurs n’est pas une raison de satisfaction. Des normes minimales pour la protection des animaux ne sont pas respectées dans nos élevages. En tant que “guides” et parce qu’ils sont l’un des plus grands producteurs, dans le monde, de viande et de produits laitiers, les Pays-Bas devraient s’efforcer d’être véritablement exemplaires en termes de bien-être animal et de durabilité.

C’est pourquoi NOUS APPELONS À UN CHANGEMENT FONDAMENTAL de notre modèle de production. Pour qu’il n’y ait plus de truies en cage de mise-bas, de cochons dont la queue est systématiquement raccourcie, sur du caillebotis, dans des fermes-usines. Qu’il n’y ait plus de vaches ne pouvant jamais élever leur propre veau ou paître l’herbe dans la prairie. Qu’il n’y ait plus de volailles arrivant à l’abattoir les ailes brisées. Qu’il n’y ait plus de transports sur de longues distances d’animaux vivants […]. Qu’il n’y ait plus de poignées de main au détriment du bien-être des animaux. Mais que les vétérinaires s’inquiètent avant tout des animaux. Car qui d’autre peut le faire, sinon nous, les vétérinaires?»

lundi 30 janvier 2017

Les habitants des Caillebotis-sur-Lisier s’appellent…


En France, la plupart des porcs sont casés sur caillebotis intégral, sans paille. Est-ce parce que les normes minimales pour la protection des porcs y sont plus contraignantes qu’ailleurs?

Qu’en est-il en Suisse, par exemple? allons regarder!
«Je vois les cochons. Ils sont dans des boxes. Y a pas de paille. Ils se tiennent sur ce qu’on appelle des caillebotis. En ciment. Y en a… 2, 4, 6, 8… une quinzaine, une vingtaine par box. Ils sont serrés les uns contre les autres. Dans cette salle y a… une dizaine de boxes. Ça sent assez fort. […] Donc ces cochons n’ont rien d’autre à faire que de tourner en rond. De se respirer les uns les autres. Aucun objet, alors que la loi exige qu’ils aient une occupation, de la paille, et de l’eau pour boire.»
«Les caillebotis, c’est cette partie du sol qui est ajourée. Donc [à partir de] 2018 on a plus le droit d’avoir ça sur toute la surface. 
— Donc cette partie ajourée ça permet aux excréments de descendre dans la fosse à purin directement. 
— Voilà.»
«[…] si y a du caillebotis intégral, quel est le problème, pour le cochon? 
— Alors, […] comme il est juste au-dessus de la fosse à purin, y a des problèmes de gaz, y a des problèmes de courants, entre autres, et puis des problèmes de confort. 
— Parce qu’il doit marcher avec ses petits sabots sur un sol ajouré…»
Extraits de L’homme et le cochon, quel avenir commun? (1/5), diffusé en novembre 2016 dans l’émission “Vacarme” sur la Radio Télévision Suisse (RTS).

Après le 31 août 2018, le caillebotis intégral sera interdit en Suisse. Pas en France.

En Suède, «pays du bien-être animal» (dixit un reportage diffusé sur RFI), les cochons à l’engrais sont censés disposer de paille dans toutes les porcheries industrielles, où le caillebotis intégral est d’ores et déjà interdit.

«Les porcs doivent disposer d’un environnement correspondant à leur besoin d’exercice et à leur nature d’animal fouisseur», dixit la loi de l’Union européenne, considérant depuis longtemps que leur «bien-être semble être compromis en raison de l’espace très restreint dont ils disposent»… (directive 2008/120/CE du 18 décembre 2008, établissant les normes minimales relatives à la protection des porcs, huitième considération).